Depuis près de 50 ans maintenant, Jean Verame collectionne, sculpte, coule dans le bronze, peint et magnifie la pierre. La pierre brute des montagnes ou des déserts est son univers premier. Et la couleur, l’attribut dont il la pare pour y laisser la trace de son passage d’ Homme.
Peintre des déserts, Verame a déjà laissé son empreinte sur quatre continents, l'Europe, l'Amérique, l’Asie (Moyen Orient) et l'Afrique. Une empreinte esthétique et majestueuse, dont il a fait cadeau à ces différentes terres d'accueil, prouvant par ce geste gratuit que l'homme, trop souvent coupable du pire, est aussi capable du meilleur.
Profondément lucide, mu par ses propres combats intérieurs, loin des dogmes et des écoles réductrices, Verame affronte l'immensité, l’immuable, l'intemporel et le transfigure grâce à la couleur. Réminiscence d'un geste premier, comme pour rendre un culte païen au monde originel avec lequel l'homme doit composer pour se réaliser.
Car c'est bien de l'homme qu'il s'agit aujourd'hui et auquel renvoient les Squelettes Exquis. De l'homme pris dans toute son acception, dans sa globalité « de la tête aux pieds », et pas uniquement vu sous l'angle de sa raison ou de son imaginaire, comme le traduisent les crânes représentés par tant d'artistes contemporains.
Les Squelettes Exquis de Verame sont uniques et rejoignent par leur polychromie les travaux antérieurs de l'artiste. Issus d'une tradition pluriséculaire, alternativement épicurienne puis chrétienne, dramatique ou ludique, à l’instar de la carte XIII du tarot de Marseille, ils rappellent bien entendu la fragilité de notre condition et notre égalité face à la mort, notre destin commun. Une vérité pleinement assumée car dépassée, sublimée par les pointes d'humour que l’artiste s'applique à disséminer de ci de là pour mieux dédramatiser la mort.
Verame affiche donc le sourire d’Erasme, attendri et moqueur, face à cette « joyeuse farandole », ce « festival polychrome », ce sont ses propres mots, qui s’étalent sous nos yeux dans ce jardin sublime, dessiné par Le Nôtre, l’architecte de Versailles. Sans doute peut-on y voir l'expression plastique d'une pulsion intime qui l’anime depuis toujours. Une idée intraduisible, indicible autrement que par l’apposition de son sceau, entendez ses couleurs, sur le monde qui l’entoure.